Lost est une série phénomène outre-Atlantique. Créé en 2005 par le génial J.J.Abrams à qui l’on doit aussi la série « Alias » elle narre les tribulations d’une bande de rescapé d’un vol long courrier qui s’écrase sur une île mystérieuse au beau milieu du Pacifique. Ils doivent lutter pour survivre dans cette faune hostile et percer les secrets qui entourent ce sombre lieu. L’éditeur Ubisoft, jusqu’à l’arrivée du produit est resté bien vague sur le scénario et le contenu de son tout nouveau titre ; peut-être pour ménager un certain suspense pour les millions de spectateurs fidèles à la série culte qui attendaient beaucoup de ce nouveau jeu. Après de nombreux mystères sur son adaptation, Lost lève enfin le voile. Malheureusement une série hyper populaire et médiatique ne donne pas forcément un excellent jeu vidéo. On n’apprend pas grand-chose sur les secrets de cette île, les infos délivrées sont maigres et nos questions sans réponses…

Les survivants du vol Océanic 815 s’échouent sur console…

Vous êtes le passager du vol Océanic 815, sirotant un verre bien tranquillement calé dans votre fauteuil vous allez vivre un crash de l’intérieur avec une entrée en matière des plus musclée. Devant vos yeux médusés, l’avion va littéralement se disloquer et les morceaux de carcasse fondre dans les abimes tels des pantins de papier au milieu des hurlements effroyables des passagers propulsés dans le vide. Vous vous réveillez au milieu des décombres fumant éparpillés sur la plage, les yeux hagards, complètement amnésique. Cette entrée en matière musclée vous met aux commandes d’un personnage totalement inédit du casting de la série qui doit réagir promptement avec les autres survivants du crash. Vous allez rapidement croiser la destinée des héros de la série Lost au grand complet avec un premier contact avec Locke l’infirme miraculé, Kate la fugitive, Jack le médecin déjà en action de réanimation sur la plage, Sawyer le roublard, Hurley le millionnaire rondouillard qui ont tous bénéficié pour le soft des doubleurs officiels de la série ce qui apporte dès le début de l’aventure une immersion bienvenue. Votre première mission consiste à venir en aide aux naufragés en évitant une explosion destructrice du réacteur de l’avion en résolvant un puzzle sous forme d’un panneau électrique à remettre en fonction. Ceci fait vous faites connaissances des autres survivants au moyen de quelques dialogues et tenter de percer le mystère entourant votre identité. Un premier flash-back lève le voile sur votre métier. Vous devez tirez une photo d’un élément clé de votre passé pour remettre de l’ordre dans vos souvenirs. Vous êtes un journaliste à la poursuite d’un scoop qui peut vous apporter le prix Pulitzer.

Un héros électricien, randonneur et amnésique…

L’intrigue nous plonge pêle-mêle entre les saisons 1 et 2 avec un bref passage sur la saison 3 et la découverte des « autres » habitants de l’île. Votre aventure peut se résumer en quatre phases bien distinctes et cela tout au long de votre progression.

1 : collecter des items sur la plage et les environs sous forme de noix de cocos, de fruits, des bouteilles d’eau et des rations de nourriture pour les échanger auprès de Sawyer pour obtenir une arme, des munitions, des torches très utiles pour vous diriger dans les zones sombres comme les grottes et quelques fusibles.
2 : Découvrir au travers des nombreux flash-back du héros des objets familiers lui permettant de reconstruire au fil de l’aventure les bribes de son passé.
3 : Remettre en fonction des panneaux électriques au moyen de puzzle qui vont vous faire travailler votre sens logique des mathématiques et qui une fois résolus ouvrent des portes pour passer à un autre niveau.
4 : Tenter de fuir l’ectoplasme de fumée noire ou les tireurs embusqués au travers de séquences bien timide de plate-forme qui consiste à courir et à sauter par-dessus des obstacles ou se réfugier dans les banians en attendant que cette entité vous oublie.

Voilà en résumé ce que vous réserve le jeu au cour des 5 à 6 heures de durée de vie bien maigre et dénuée de réel suspense et qui ne lève que trop rarement le voile sur les nombreux secrets de cette île mystérieuse. On reste sur sa faim et on a l’impression d’être le spectateur impuissant, assistant de loin aux événements clé de la série comme l’explosion du bunker, la fuite sur le radeau, un peu comme si on était l’invité des producteurs de la série sur les lieux clé du tournage. On ne ressent à aucun moment la tension liée à ce crash terrible, l’effroi face au monstre de fumée noire, la panique devant le clavier de l’ordinateur du bunker et la fameuse suite de chiffre. L’action est totalement invisible, on ne tire que quatre balles tout au long de l’aventure, et le jeu se résume en une sorte de promenade touristique sans grand intérêt dans un lieu paradisiaque. Mais où sont donc passé les ours polaires présent dans la saison une et qui terrorisaient les survivants du vol, où se cachent les autres habitants de l’île, quasi inexistant dans le jeu et qui auraient pu apporter un peu de piment à cette aventure décidément bien fade au final.

De magnifique graphique dans un environnement totalement balisé.

Lost est un jeu ultra-dirigiste qui n’offre aucune liberté d’action et de place pour l’exploration de l’île. Les niveaux traversés sont totalement fermés, balisés de murs invisibles entre chaque check-point qui au final vous empêche de tourner en rond dans l’immense jungle. Dès que vous vous éloignez de votre chemin, le jeu vous remet directement sur les bons rails. Impossible de se perdre ! Le jeu est tellement facile qu’il est presque impossible de mourir à moins de le faire exprès et c’est peut dire si votre progression devient vite ennuyeuse. Les points forts de ce titre sont plus à mettre du côté de la qualité générale du visuel et des graphismes qui font honneur aux consoles PS3 et Xbox 360. La modélisation des principaux acteurs de la série sont réussies avec un soin particulier sur les visages même si leurs expressions restent un peu figées; le travail effectué sur l’environnement comme la jungle sont flatteur pour la rétine avec une épaisse végétation, dense et fournie éclairée de magnifique effets de jeux de lumières et d’hombres qui donnent au final un visuel très probant. La bande sonore est elle aussi de qualité avec des compostions originales de Mickael Giacchino et comme cité plus haut les voix sont assurées par les doubleurs officiels de la série qui ont réalisés un travail remarquable. Ces deux points sont de loin les qualités les plus exhaustives d’un jeu qui au final évite de peut le naufrage le plus total.

Comment ne pas être déçu face à un tel jeu qui promettait, du moins sur le papier des monts et merveilles vu le potentiel ludique de cette série cultissime. L’ensemble reste au final bien fade, l’intrigue de la série provoque l’addiction et les mystères de l’île ne sont jamais vraiment dévoilés. Beaucoup trop facile et d’un linéaire rebutant on finit immanquablement par s’ennuyer ferme à déambuler sans réel but si ce n’est celui de fuir cet environnement décidément bien pâle pour réellement provoquer chez le joueur un quelconque intérêt. Les fans de la série préfèreront sans doute visionner les épisodes des trois saisons pour s’imprégner de l’ambiance si particulière d’une série télé au combien alléchante.

Testé sur PlayStation 3 par Snake