Un tout nouveau duo infernal.
Pour rendre un hommage appuyé au cinéma d’action IO Interactive, les créateurs de « Hitman » lance une nouvelle licence avec Kane et Lynch. Ce jeu se veut un véritable polar interactif qui utilise avec un certain brio les codes du cinéma pour créer une ambiance de folie en plongeant le joueur au cœur de fusillades d’anthologies aux multiples rebondissements qui tirent leur référence du génial metteur en scène Michael Mann et de son film culte « Heat ». Deux anti-héros qui ne peuvent pas se blairer et qui sont contraint de faire équipe tout au long de l’aventure, forcé de coopérer pour et contre une puissante organisation criminel ; le menu avait tout pour allécher le plus gourmand des joueurs. Malheureusement ce duo violent et imprévisible, malgré son ambiance travaillée, s’essouffle et perd progressivement de son énergie épique. Au milieu de cette déferlante de violence et de folie, les développeurs ont oubliés l’essentiel : travailler et peaufiner le gameplay !
Une histoire qui démarre sur les chapeaux de roue.
Le fourgon qui transporte Kane est brutalement attaqué, se renverse, les prisonniers hurlent et sortent du tas de ferraille, attaquent les forces de l’ordre et c’est le début d’une fusillade monstre. Au milieu de cet enfer de métal, du hurlement des sirènes des voitures calcinées et des balles qui fusent sur votre tête, vous fuyez en arrosant sur tout ce qui porte un uniforme. C’est les prémices d’une cavale sanglante et digne des meilleurs polars. Des premières minutes qui entretiennent une tension constante et intense, avec un sentiment toujours présent de danger. Kane est obligé par des anciens complices de retrouver un ancien magot caché dans une banque. Pour corser l’histoire, sa famille est prise en otage et il est en plus flanqué d’un garde du corps totalement déjanté et psychotique : Lynch. Le tableau est planté avec un souci de la mise en scène très hollywoodienne. Vous prenez deux hors-la-loi, un barge et un névrosé, capable du meilleur pour Kane en matière de fusillade et du pire avec Lynch quand celui-ci est en manque de pilules et pète un plomb en allant jusqu’à tirer sur des innocents par simple caprice. Cet improbable duo doit courir le monde dans les coins les plus chauds, agglomérations américaines, la Havane et sa guérilla, attaquez des banques et mettre à feu et à sang une discothèque au Japon entre musique technoïde, lumières et spot lite pour régler l’ardoise de Kane qui est la tête pensante et donne les ordres (vous dirigez seulement Kane dans le mode solo et en coopératif un autre joueur prend la destinée de Lynch) et mène la danse dans cette aventure très musclée.
Des scènes d’action assez dirigistes.
Kane et Lynch propose une quinzaine de niveau sans réel liberté d’action, assez dirigiste et linéaire. Les environnements traversés sont du déjà vu dans le jeu vidéo avec des banques, des prisons, boîtes de nuit et camp militaire où des dizaines de victimes plus ou moins consentante tombent avec la régularité d’un métronome sous les balles encore fumantes de vos armes à feu. Et comme l’IA des adversaires et totalement à la dérive avec des soldats ou des flics qui restent stoïques quand on les braques à moins de deux mètres, se mettent à couvert face à vous (si c’est possible !), vous foncent dessus sans sourciller rendent les affrontements sans grand intérêt. Le challenge étant uniquement bâti sur la supériorité numérique des assaillants qui vous assaillent de toute part, parfois en avançant sur vous par vagues entières. Dans ce genre de situation souvent présente dans le jeu, on se met patiemment à couvert et on attend la fin de la fusillade pour riposter et ainsi de suite. Certains passages néanmoins parviennent à relever le niveau et deviennent comme par magie des moments d’anthologie comme cette poursuite avec un poids lourd lancé à vos trousses, la fusillade qui précède la scène dans la discothèque qui parviennent à entretenir le suspense et l’action dans cette aventure qui tourne souvent au bourrinage sans concession. Car la fonction première de ce titre est de nous offrir une ballade sanglante à l’action pure et dure dans un univers sombre parsemé de dialogues et de situations crûs. La violence est souvent extrême et sans concession avec des meurtres de flics agonisant qu’on achève d’une balle dans la tête, passage à tabac et bien d’autres réjouissances d’où la classification PEGI estampillée +18 qui prend ici tout son sens.
Un shoot d’adrénaline pour mieux les tuer tous !
Comme à l’accoutumée pour ce genre de jeu, l’arsenal est assez complet avec des flingues, fusils mitrailleurs, fusil à pompe et même des lance-roquettes avec la possibilité de faire vos emplettes et trouver votre bonheur en détroussant les cadavres que vous avez préalablement refroidi au cour de votre cavale sanglante. Vous pouvez aussi jouer votre rôle de fossoyeur avec des armes fixes montée au sol ou sur des jeep pour un maximum de carnage. Quelques passages vous permettent aussi de mettre en avant vos talents de sniper dans des shoot à longues distances. Une interface assez simple vous permet de répartir les armes ainsi récupérées entre Kane et Lynch, pratique mais un peu inutile. On peut aussi donner quelques ordres basiques comme se mettre à couvert, tirer, aller à ce point ou de vous suivre à votre complice névrosé ou à un groupe armé d’hommes que vous dirigez comme sur le jeu « Freedom Fighter ». En pleine bagarre, lorsque la situation devient scabreuse et que Kane est sérieusement touché, un acolyte vient vous injecter un remontant pour vous remettre d’aplomb. Mais soyez tout de même prudent car si vous reprenez rapidement une autre balle dans le buffet, une autre injection peut vous menez droit à l’overdose avec au final un game over cinglant. Vous pouvez agir de même pour sauver un de vos hommes qui gît au sol en lui injectant une dose revitalisante à coup de seringue.
Une réalisation un peu en deçà…
La réalisation est assez moyenne au niveau des graphismes avec des niveaux un peu ternes et souvent vides de décors, les couleurs sont ternes et la modélisation des personnages secondaires et souvent bâclée, contrairement au héros du jeu qui sont eux plutôt bien réalisés et donnent du crédit à cette histoire avec leur gueule burinée digne des meilleurs films du genre. Les animations ne sont pas non plus exempte de reproche et se montre souvent saccadées et lourdes. Les effets spéciaux relèvent le niveau avec des explosions réalistes, des éléments du décor destructible qui parviennent à immerger le joueur dans des fusillades nerveuses et intenses. Malheureusement la jouabilité est perfectible avec un système de couverture automatique, lorsqu’un héros s’approche d’un mur qui ne fonctionne pas vraiment et rendent les gunfight parfois frustrants. La caméra placée trop sur le côté n’aide pas non plus à la visée et ceci devient carrément litigieux quand ce problème se mélange avec des bugs de collision. Un ennemi caché à moitié par un pilier, le corps bien visible ne peut souvent pas être abattu même si vous le visez avec précision. Un grand dommage car ces problèmes au niveau de gameplay nuisent au bon déroulement de l’aventure, la progression peut devenir vite frustrante. La bande sonore nerveuse, elle, rempli sa fonction avec brio bien servie par des dialogues au doublage de qualité. La durée de vie est un peu légère avec des niveaux courts mais très intenses qui contribuent à entretenir une frénésie ultra-violente. Le mode multi intéressant et proposant des challenges variés permet de rallonger le plaisir.
Conclusion.
Avec Kane en tueur au sang-froid et Lynch totalement imprévisible, ce duo violent et drôle à la fois insuffle malgré ces nombreux défauts un nouveau genre dans le jeu vidéo. Action brutale, jeu de tir violent et nerveux, sombre et sanglant, ce titre brille par sa volonté de rendre un vibrant hommage au cinéma policier d’un côté mais pèche de l’autre par un manque flagrant de finition au niveau de la réalisation. Les développeurs ont simplement oublié l’essentiel : d’offrir de réelles sensations aux joueurs et non pas de nous servir des fusillades bourrines et souvent répétitives. Dommage pour une licence qui loupe le coche de peu pour devenir un hit incontournable.
par Snake
