De biens étranges apparitions sur PS3.
Plus d’un an et demi après de bien troublantes apparitions sur PC et un passage remarqué sur la 360 en novembre 2006, la mystérieuse Alma et le psychopathe Paxton Fettel s’invitent pour hanter les recoins sombres entourant votre console PS3. Le prodigieux titre de Monolith distille une ambiance unique pour un FPS avec un petit chaperon rouge terrorisant, un cannibale télépathe, des combats accrocheurs et stylisés le tout en les mélangeant avec succès dans un scénario aux influences cinématographiques entre « Ring », « Ju-rei », « Marebito » et vidéo ludiques à la « Max Payne ». Même si techniquement cette adaptation est inférieur à la version 360 et visuellement assez loin de celle proposée sur PC, elle se veut toujours aussi accrocheuses de part sa réalisation qui font de ce titre un des meilleurs FPS produit à ce jour.
L’obscurité et la pénombre menaçante se sont alliées pour vous conduire au royaume de la peur.
Une unité d’élite à l’assaut du paranormal.
Le FEAR, pour First Encounter Assaut Recon, est un groupe d’intervention spécial qui intervient en cas de menace d’origine inconnue et à type paranormal. Vous incarnez un membre de cette unité et votre première mission consiste à infiltrer les locaux de la holding d’Armacharm Technology Corporation où sévit depuis peu un très dangereux psychopathe télépathe et son armée de soldats qui ont pour but de propager un dangereux virus sur la ville. La situation est critique est vous êtes envoyés sur les lieux pour une mission de reconnaissance qui fait office de didacticiel pour vous familiariser avec la palette de mouvement typique de jeux de tirs à la première personne. L’assimilation se fait sans aucune difficulté, la jouabilité est simple et intuitive, le seul bémol vient de la gâchette de tir : la touche R1 était de loin plus ergonomique que celle proposée pour le jeu avec la touche R2. Passé ce petit problème, votre personnage progresse dans une succession de couloirs sombres et lugubres à l’atmosphère pesante seulement éclairé par la lampe torche frontale de votre arme. Les ombres entonnent des danses macabres sur les murs, la musique électrisante accroît encore plus le sentiment de malaise, la peur s’installe petit à petit entre les dédales obscures attendant le moment propice pour déclencher sa fureur. Très linéaire, votre progression alterne phases d’explorations dans de longs corridors souvent plongé dans la pénombre, de la recherche d’indice sur les incidents en cour dans les bureaux et les locaux, de trouver des moyens de sortir des niveaux en activant des ascenseurs, ouvrir des sas, ramper dans des conduits d’aérations. Dès le premier niveau, le titre débute sur une scène très sanglante et montre clairement l’orientation de ce jeu qui propose une progression stimulante entre intrigues manichéennes et tordues avec des phases de violences qui tournent au carnage avec des démembrements, des corps explosés, squelettes ensanglantés au milieu de mare de sang qui pimentent vos recherches, font de FEAR une expérience vidéo ludique très gore (PEGI +18), accrocheuse même si le titre a perdu de sa superbe depuis l’année dernière.
Un chuchotement au fond d’un long couloir.
Contrairement aux autres FPS au scénario souvent minimaliste (exception faites à Half Life), FEAR a sa propre identité qui s’appuie sur une réalisation de qualité qui se paye le luxe de nous imposer des scènes d’explorations parfois assez longues sans aucun ennemi, avec pour seul compagnie votre lampe torche et une claustrophobie étouffante entre les murs vides des niveaux, des apparitions fantomatiques et des hallucinations cauchemardesques très sanglantes de notre héros (à la Max Payne) avec parfois des phases de tirs très nerveuses absolument incroyables. Au fil de l’histoire, l’ambiance reste toujours électrisante avec pour notre héros des tripes hallucinogènes absolument jubilatoire. Délires psychédéliques et paranormal avec des apparitions spectrales qui nous téléportes droit dans les méandres de l’étrange où la réalité se confond malicieusement avec des visions de cauchemars. Même si le jeu ne fait pas vraiment peur, il distille avec une rare efficacité un climat de frisson ; on se sent constamment épié, suivit par des ombres maléfiques qui dansent sur les murs. Le climat et dérangeant voire malsain bien servit par des musiques étranges qui soutiennent les rares apparitions d’Alma et du diabolique Paxton Fettel.
Des ennemis à l’IA diabolique.
Si vous êtes de ceux blasés par l’IA souvent bancal des FPS, FEAR va vous faire connaître une toute nouvelle approche des phases de combat avec des ennemis redoutables régit par une IA élaborée. Déambuler la fleur au fusil avec votre lampe torche dans les niveaux peut très vite signifier votre arrêt de mort face au comportement réactifs des troupes ennemies suréquipées et extrêmement rusées qui vous attendent de pied ferme, guettant dans l’ombre le moindre de vos faux pas et vous repérant notamment grâce aux faisceaux lumineux de votre moyen d’éclairage. Les patrouilles ennemies se comportent comme de véritables unités de commando. Elles sautent à travers les fenêtres, se mettent rapidement à couvert en profitant de chaque élément du décor, vous tendent des embuscades en attendant tapis dans l’ombre le moment propice pour vous attaquer, effectuent des tirs de suppressions et coopèrent entre eux pour vous prendre à revers, se montrent extrêmement réactifs dans les situations de combat. Ce titre propose des adversaires à la hauteur des plus exigeants. Pour profiter d’une IA au maximum, tentez de faire les niveaux dans le mode difficile et vous verrez rapidement votre escapade tourner au cauchemar. Les gun-fights deviennent des ballets chorégraphiques à la John Woo avec son concert de balles traçantes, douilles brulantes qui giclent des armes surchauffées, corps qui sont projetés contre les murs et se distordent sous les impacts, bris de verres et projections de particules diverses. Un pur régal et une prouesse technique remarquable à mettre au service de développeurs inspirés.
Des super pouvoirs et des gros calibres.
Votre héros possède en outre des capacités hors normes, voire surhumaines. Il est doté de réflexes hallucinants qui lui donnent la possibilité de ralentir le temps (effet « Bullet Time ») ce qui lui octroie pendant quelques secondes d’une énorme puissance de feu : vos ennemis se déplaçant au ralenti, les balles perforants la couche de l’air dans un effet « Matrixien » des plus réussis ;les ennemis n’ont pas le temps de réagir, leurs mouvements semblent se ralentir vous laissant tout le loisir de les ajuster dans une grande symphonie de mort et de tirs dans la tête des plus jouissives. Cette faculté est très utile pour empiler les cadavres dans les niveaux et affaiblir considérablement leurs assauts. En contre partie, les puristes des FPS pure et dure jugeront ce procédé trop facile pour détourner la difficulté de certains passages. Mais tenter de se faufiler sans user de ce super pouvoir peut très vite se révéler très difficile : les ennemis tirant avec une précision diabolique.
Pour éradiquer avec classe vos ennemis, vos disposez de l’arsenal traditionnel proposé dans chaque FPS qui se respecte. Le choix n’est pas énorme mais permet néanmoins de jongler entre différent type d’armes. Des pistolets, fusils d’assauts, mitraillettes légères (puissance de feu redoutable si on en tient une dans chaque main !), fusil à pompe en passant par des armes plus accrocheuses comme le terrible lance-pointes qui tire des projectiles performants hautement véloces, un fusil désintégrateurs qui transforme vos malheureuses victimes en tat d’os saignant, voire les effacer carrément des niveaux. De nombreuses grenades permettent de varier vos attaques et se révèlent souvent l’arme ultime contre les sections ennemies si on les couples avec vos super pouvoirs. Toutes ces armes sont d’une redoutable efficacité et on chacune leur point fort pour contrer certains types d’unités ennemies. Elles sont peu nombreuses et vous ne pouvez en transporter que trois en même temps, ce qui nécessite de faire des choix avant de vous lancer dans un niveau entre puissance de feu brute ou approche plus discrète armé de votre fusil à lunette. Si vous êtes un adepte du corps à corps, ce moyen d’attaque peut se révéler très efficace mais assez périlleux à réaliser. Vous avez aussi la possibilité de faire le ménage en tirant dans des transformateurs électriques et sur les éternels bidon d’essence placés à côté des positions ennemies. Ces pièges explosifs sont devenus une constante dans les jeux vidéo ; les ennemis sont très intelligents au combat mais peuvent aussi se montrer totalement stupide en se plaçant près de barils d’essence. Heureusement qu’ils sont en général assez vigilants et assez difficile à surprendre la plus part du temps, dans les modes de difficultés élevés. Pensez aussi à fouiller de fond en comble les niveaux pour trouver des gilets par balles, des packs de vie et des seringues pour prolonger la durée de votre adrénaline ou faire augmenter votre barre de vie. Examinez aussi les ordinateurs et écouter les messages sur les répondeurs pour en apprendre un peu plus sur les étranges événements qui entoure cette multinationale.
Le seul reproche notable que l’on puisse faire à FEAR vient du manque de variété des ennemis rencontrés et de la répétitivité des scènes de combats. Le 85% des cas, vos principaux ennemis sont des soldats de la corporation super armés, quelques fois accompagnés d’un spécimen au blindage conséquent. A deux ou trois reprise dans le jeu, des exosquelettes au design « Ghost in the Shell » vous barreront le passage. Un niveau dans les bureaux vous mettra au prise avec des adversaires très rapides qui disposent d’un camouflage optique à la « Predator » suivit par des drones volants équipés de laser dans la seconde partie du jeu et des spectres pour le final.
FEAR et ses jeux de lumières angoissants.
Par rapport à la version sur la 360, la gestion des lumières et des ombres et le traitement des particules sont un tout petit peu moins convaincant. En ce qui concerne les explosions, les effets spéciaux durant les fusillades et les « Bullet Time » sont magnifiques. En revanche les décors sont fades et finissent par tous se ressembler avec la succession de passages dans les corridors, couloirs sombres et le niveau dans un immeuble qui dure pas moins de 5 heures et qui devient très vite monotone. On note aussi des textures moins fines sur le traitement des personnages et des chutes de frame rate. Mais en contre partie le design des ennemis est recherché et leurs animations sont tout simplement fabuleuses. La jouabilité est excellente avec une prise en main aisée et la possibilité de régler le niveau de sensibilité de la manette pour un maximum de confort. La bande sonore est tout simplement excellente avec des thèmes musicaux éclectiques, hallucinogènes qui ressemblent à des compositions à la Hans Zimmer qui distillent un sentiment d’étrangeté et de surnaturel qui accentue avec une grande efficacité un climat constant de claustrophobie. Les compositions classiques et les bruitages parachèvent avec brio ce climat malsain et l’impression d’être constamment observé à chaque recoin sombre. Le scénario sait ménager le suspense et entretient un climat d’ambiance horrifique, de paranoïa saupoudré d’un zeste de surnaturelle à la manière de la série télévisée « X-Files ». La judicieuse mise en scène ménage avec une rare parcimonie les apparitions cauchemardesques et les révélations ne se font qu’à la fin de l’aventure. La toute dernière scène démentielle vaut à elle seule le détour avec un plan final absolument génial digne des meilleurs films d’horreurs !
En conclusion, Alma…
FEAR vient envoûter les possesseurs de la PS3 et permet de se délecter d’un des meilleurs FPS produit à ce jour. Pas vraiment révolutionnaire, entaché de quelques imperfections, le titre de Monolith se veut néanmoins très classe et distille un excellent suspense. Son côté ambiance angoissante et son scénario alambiqué au possible suppure tout au long de l’aventure un sentiment d’étrange et de cauchemar. Ajoutez à cela une IA incroyable, de nouveaux niveaux et un mode multi complet avec ses Deathmatch, Capture de drapeau et mode Elimination jouable à 16 sur le Live et vous vous retrouvez avec un FPS fantastique, atypique et bien différent des productions actuelles.
par Snake