Etre envoyé au bout du monde pour accomplir une mission de la plus haute importance, voila une habitude assez répandue dans le milieu du jeu vidéo. Pas chez Psychonauts, qui ne nous emmène pas très loin. Mettons le décor en place. On joue dans un monde où les personnages ont des têtes bizarres, avec une drôle d’école où un personnage nommé Razputine, que vous incarnez, va faire ses classes. En guise de tutorial, vous apprenez à le manier correctement, et le tableau noir fait office de point de sauvegarde. On déambule dans des lieux typiques des colonies de vacances pour jeunes écoliers, avec des cabanes, des feux de camp ou encore un lac qui alimente certaines rumeurs comme quoi il abriterait une mystérieuse créature. Tous ces environnements ont pour but d’installer une ambiance nostalgique de l’enfance, avec les premières amours, ou encore les premières bagarres.

Tout semble tranquille, jusqu’à ce qu’un évènement terrible se produise : celle dont votre personnage est amoureux s’est faite kidnapper. Mais le pire, c’est ce que ses camarades passent depuis quelques temps beaucoup trop de leurs journées devant la TV. On apprend très vite que les cerveaux de ceux qui regardent la télévision sont volés afin de servir des projets militaires. Razputine va donc essayer de tout mettre en œuvre pour découvrir le cerveau (haha) qui se cache derrière toute cette affaire. Inutile de chercher bien loin, comme je vous le disais, puisque les niveaux sont situés à l’intérieur même des personnages du jeu. En leur collant une petite porte sur la tête, on ouvre un passage vers leur inconscient, qui constitue un stage. En plongeant à l’intérieur, on découvre les angoisses et les lubies de chacun, et si l’un d’entre eux a une peur bleue des araignées, ne soyez pas étonnés de devoir leur faire face. Le résultat ? On est amené dans des lieux constamment insolites, comme par exemple un vieil asile. Adieu les jolies lumières et les couleurs joyeuses, et place maintenant à un monde sombre empli de créatures effrayantes. On plonge dans la folie créée par le génial Tim Shafer, qui nous avait déjà offert Grim Fandango il y a quelques années sur PC. On retrouve donc ce qui a fait sa réputation : l’humour, avec ses propres codes, qui donne un résultat étonnant avec un univers totalement décalé, mais aussi un regard acide sur notre société. Comme quoi…

En terme de créativité, on est donc face à un style graphique étonnant, et chaque cerveau est le fruit d’un travail individuel qu’on pourrait croire réalisé par un schizophrène. A chaque fois, les objectifs sont totalement loufoques, car ces ambiances uniques permettent de servir les bases du jeu, avec des énigmes parfaitement accordées à chaque cerveau. Les niveaux sont bien construits, et on trouve à chaque fois de nombreux indices sur notre chemin afin de résoudre les énigmes. Et n’oublions pas les pouvoirs psychiques. Avec un peu d’astuce, on acquiert de nouvelles capacités permettant de mieux contrôler l’environnement. Des gardiens se dressent souvent contre vous, mais quelques petits tours de télékinésie et on n’en parle plus. Il est bien sûr également possible de tout brûler ou encore d’envoyer des décharges mentales.

Psychonauts est donc un jeu très original, que ce soit au niveau du gameplay ou de l’ambiance, mais qu’en est-il des graphismes ? C’est bien simple, on tient là l’un des plus beaux jeux de la console. Cette impression est renforcée par de nombreux détails animés qui font que l’image ne reste jamais statique. Tout prend vie devant nos yeux ébahis et les cinématiques sont également excellentes. Impossible de ne pas succomber. Devant un tel degré d’immersion, il serait étonnant que vous me disiez que vous n’avez pas aimé, et il est très difficile de lâcher la manette. N’oublions pas non plus le très bon doublage anglais, sous-titré en français, dont la bonne humeur joue encore une fois en faveur de l’immersion.

Chaque stage est parsemé de divers items, et plus vous en possédez, plus votre niveau psy augmente. Vos pouvoirs vont donc évoluer, mais cela est-il vraiment nécessaire ? Hé oui, la durée de vie est bien faible, et la progression est vraiment trop simple. Pour tout dire, j’ai à peine mis dix heures pour le terminer, mais je suis passé à côté de pas mal de choses. C’est justement là que Psychonauts augmente sa durée de vie, puisqu’en dix heures vous n’avez pas terminé le jeu à 100%, et en le recommençant on peut débloquer divers bonus, comme de jolis artworks ou quelques diapositives permettant de mieux comprendre cet univers déjanté.

Cependant, si on lui enlève ses niveaux atypiques, Psychonauts reste très classique dans le fond. Heureusement, ce classicisme se fait oublier par un second degré complètement psychédélique. Dingue et parfois génial, ce jeu saura satisfaire les amateurs d’humour et d’ambiances déjantées.

par Ryo