Concentrez-vous, fermez les yeux, et imaginez la scène. Un camp de réfugiés au Niger, martelé par un soleil de plomb, asphyxié par un vent sableux. L’aide humanitaire internationale unique moyen pour ces réfugiés qui n’ont que trop payé le prix de la guerre d’obtenir des vêtements, des médicaments ou encore de l’eau potable, toute cette aide est détournée par une bande de criminels au cœur plus aride que cette plaine désolée. Ils patrouillent le camp, en pickup rouillé ou par groupe de deux ou trois. Sur l’aire principale quatre d’entre eux jouent au foot, sous le regard du garde posté dans la tourelle. Il fait de plus en plus chaud. Un homme armé d’un AK-47 menace une femme. Une gifle, puis deux, la femme est maintenant au sol. Il appuie le canon de son arme contre la tête de sa victime, il est ivre de puissance.  Il reste ainsi debout, dominant sa victime de son ombre, sans bouger. Puis il se penche en arrière, lentement, avant de s’effondrer sur le sol. Les quatre mercenaires qui jouaient au foot il y a quelques secondes à peine gisent sur le sol également, le ballon lui roule encore. Le garde de la tourelle est toujours appuyé contre sa mitrailleuse, on dirait qu’il dort. A moins que… Non, il a été tué d’une balle dans la nuque. Un peu plus haut, les occupants d’un pickup sont également morts, ils sont appuyés contre la carrosserie du véhicule, signe qu’ils n’ont pas eu le temps de réagir avant d’être tués. Mais par qui ? Le silence se fait alors qu’on ne comprend pas, il n’y a personne ici à part les réfugiés et les criminels armés. Je m’approche d’un des cadavres, il a encore le visage figé dans une expression de terreur, comme si il avait vu… un fantôme.

Graphismes: 8/10
N'y allons pas par quatre chemins: pour les persos, Ghost Recon a une identité visuelle unique. Des Rangers super cool avec leurs lunettes de soleil à réalité augmentée, leur camouflage optique qui les rend invisibles, l'écusson "GHOST" qui ne laisse aucun doute sur leur appartenance à la crème de la crème de l'extrait de concentré de cerise sur le gateau des forces spéciales américaines. Superbe. Pour tout le reste en revanche, on retrouve du Metal Gear Solid 4 par ci, du Call of Duty par là, le tout saupoudré par une plongeante à la Gears of War. Si les clins d’œils aux séries concurrentes est une bien belle coutume du jeu-vidéo, un hommage rendu à de célèbres ancêtres, il faut dire ici qu'on frise parfois le ridicule tellement certains niveaux entiers reprennent les graphismes d'autres licences. Bien dommage!!

Scénario : 2/10
Un aspect que j'apprécie particulièrement dans les jeux de guerre, c'est l'immersion qu'ils peuvent apporter. Lors de missions souvent délicates, dans un environnement climatiquement rude et humainement hostile, c'est un vrai plaisir que de se sentir entouré par les plus fines gâchettes du monde. Alors oui, Ghost Recon vous fourni des équipiers de premier choix, qui souvent font de remarques pertinentes sur la situation et vous aident à progresser pour atteindre l'objectif. Immersion, ok. Mais franchement, à force de trop vouloir en faire, on finir par se retrouver avec des situations qui se succèdent à un rythme fou sans qu'on comprenne plus rien à l'histoire. C'est véritablement dommage car un sénario peut être moins étiolé dans la largueur (qui se cantonne à deux ou trois pays) mais beaucoup plus profond (des soldats US veulent venger la mort de... soldats US) aurait certainement créée plus d'intérêt!

Bande Son: 7/10
Qu'est ce que ça sonne bien! En mode furtif, pas un seul bruit, sauf la douce caresse du vent. En mode magnétique, une background sonor techno-futuriste souligne merveilleusement l'action. En mode camouflage, on n'est tenu en alerte par les accélérations rythmiques des patrouilles ennemies. En mode Engagement, c'est la foire du slip avec des rafales qui claquent dans tous les sens, où le brouhaha des kalashnikovs le dispute aux rafales des MP5. Un casque, un bel écran, et envolez-vous vers le plaisir!

Jouabilité: 7/10
Bien pensé dans l'ensemble, on se retrouve malgré tout parfois en train de confondre certaines touches, et de balancer une grenade au milieu d'une patrouille ennemie alors qu'on voulait simplement lancer le drône pour parcourir les environs. Niveau furtivité, on a connu mieux. Mais je ne mettrai pas mes maladresses sur le compte des développeurs, car pour peu que l'on s'y coltine un peu, les commandes restent dans l'ensemble réactives et très agréables à utiliser!

Durée de vie: 4/10
Le problème de tous les jeux d'action: C'est TROP COURT!! Comment est il possible, qu'à l'heure où le temps moyen de développement est de 2ans, d'arriver à terminer le jeu en une grosse après-midi? Surtout que dans la catégorie des films interactifs (comprenez par là un jeu avec une immense dose de cinématiques) la rejouabilité frise le niveau 0!! Et ne me parlez pas des niveaux bonus, maps et autres arnaques sous forme de DLCs, ça ne rallonge en rien un jeu, ça rallonge simplement le fric que vous y mettez! Le business model serait sérieusement à repenser, car c'est une vraie frustration que de finir ces jeux aussi vite!

Violence: 8/10
De la violence comme on l'aime: sale, mais pas trop. Depuis la fin de la guerre froide les guerres sont propres, mais maintenant elles sont aussi en HD. Des gerbes de sang modélisées avec un funeste souci du détail, des armes explosives qui vous déchirent la peau, des ennemis qui se contorsionnent au sol dans un râle final... Du grand hollywood!

Note Finale: 7.5/10
Véritablement une très, très belle surprise de la part d'Ubisoft qui nous montre comment, quand on s'en donne les moyens, une licence en sommeil peut éclore. Alors certes, ce n'est pas encore le moment où les Ghost Recon de Tom Clancy feront jeu égal avec les Foxhound de Hideo Kojima, ni avec les SAS de Modern Warfare, mais les déceptions des anciens Advanced Warfighter et autres retentissants échecs sont définitivement oubliées et enterrées. Avec un titre visuellement très beau, très agréable à jouer, qui claque et qui bouge, les Ghost Recon ont gagné ce que peu de licences Tom Clancy avaient gagné avant eux: le respect. Beau travail, Messieurs!