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Critique d'OST: Baroque
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  Dossier
réalisé par
Anakaris
 
 

J'inaugure un nouveau type d'article sur Console-Otaku, la critique d'OST!
J’aimerais mettre une petite chose au clair avant de commencer la critique proprement dite ; sachez que je ne noterai pas les bandes-son de façon mathématique : trop scolaire, trop précis, trop artificiel. La musique d’un jeu vidéo, et à plus forte partie celle d’un RPG se définit au feeling, aux sensations que l’on éprouve à l’écoute, c’est pour cela qu’il ne tiendra qu’à vous d’annoter un chiffre à mes différentes critiques. Ceci dit, passons à l’OST de ce jour.
Baroque est un RPG à tendance action et/ou dungeon selon les versions, largement méconnu. Je dis selon les versions, car l’opus d’origine fut édité en 1998 sur Playstation et Saturn, puis a bénéficié d’un remake sur PS2 en 2005, ce même remake porté sur Wii deux ans plus tard. Doté d’une inspiration artistique et graphique particulière et d’un scénario alambiqué, il en résulte une bande-son tourmentée, mystérieuse, déshumanisée, effrayante parfois, signée par celui qui me semble être le maître du genre, rien qu’avec cette œuvre : Masaharu Iwata.

C’est précisément l’OST du jeu original sur PS1 qui nous intéresse donc ici.



Great Heat 20320514 – 2.28
Tout d’abord, et pour tout ceux qui se demanderaient ce que signifie le titre, sachez que ce n’est ni plus ni moins que la désignation de la fameuse catastrophe qui s’abattit le 14/05/2032 (soit le 14 Mai 2032) sur le monde de Baroque : la Grande Chaleur.
Première piste, premier moment d’émotion macabre, d’hors et déjà nos oreilles se voient attaquées par un son déshumanisé, battant le tempo comme un rythme cardiaque mécanique. Un instrument digital crée des sortes de sons liquides, qui s’écoulent comme un fluide sombre et visqueux. Le synthé oppressant vient s’ajouter à la "fête" vers 1 minute 23 secondes et occultant presque toute la première partie par une mélodie sombre, mais néanmoins mystérieuse. La musique fait mouche, on craint d’aller plus loin pour découvrir ce que le monde étrange de Baroque a à nous offrir, mais on est irrémédiablement attiré vers la suite. La piste se termine par des sons d’ambiance électronique qui rappelle un peu les thèmes de Metroid Prime (en réalité ce serait plutôt l’inverse, puisque l’OST ici présente date de 1998).

Into our Trespasses – 1.10
Des chœurs froids et mystérieux ouvrent la courte piste à une ambiance malsaine, les voix presque angéliques couvrant une volée de bruits de fond comme des petits coups de tonnerre, ou de choses en percutant d’autres. Vers les trente secondes du thème, une autre composition qui vient compléter le son nous plonge véritablement dans une atmosphère mystique.

Sanctuary – 2.53
Une piste à la bibliothèque de sons vastes et variés, mais surtout oppressants et morbides à l’extrême. Des bruits de gouttes d’eau qui tombe au sol, comme dans un égout putride, des rats qui ricanent de votre peur, des bruits métalliques aigus et une résonance d’orgue mal accordé dans le vide. La piste n’est au final qu’une succession de bruitages savamment accordés pour faire battre votre cœur à tout rompre pour le peu que les conditions y soient idéales, mais une mélodie véritable manque. Un parfait thème d’ambiance pour un survival horror en tout les cas.

Iraiza – 2.48
Si le manque de fil conducteur mélodique des précédentes pistes vous a laissé dubitatif, écoutez Iraiza ! Rappelant à plus d’un titre certaines compositions de Silent Hill (qui, pour le coup, sur certaines pistes se voient surclassées à mon goût !), Iraiza est un petit chef d’œuvre d’ambiance oppressante et accablante. Des percussions insistantes en fond viennent maintenir l’auditeur dans une sorte de transe (comme sur Room of Angel de Silent Hill 4, justement) tandis que le synthé et ses notes électroniques résonnantes tentent de s’insinuer dans notre esprit, suivant une mélodie nostalgique, fataliste à souhait. On se croirait sur une terre désolée, sans vie, sans espoir, alors que l’on pense à ce qu’est devenue l’humanité après la Grande Chaleur. La piste n’est véritablement composée que de quelques notes, mais la mise en ambiance du tout relève tout simplement du génie.

Confusion – 3.05
Une sorte de souffle de vent comme dans le creux d’une vallée (cela me ramène étrangement à l’ambiance qu’il y a dans Resident Evil 4, justement dans une vallée sans fond) vient nous inquiéter tandis que de lourdes percussions, semblables à un colosse qui essayent d’enfoncer une porte de fer, toujours de plus en plus brutalement précède une série de sons étranges et très difficiles à qualifier. En mon for intérieur, j’ai l’impression de voir un train débarquer en gare, les bruits de roulement sur les rails s’apparentant à cela. Mais tout est histoire d’impression sur cette OST, le tout étant tellement ambigu. Le vent prend des allures de sourds hurlements comme si le souffle prenait vie, une véritable aura teintée de mysticisme troublant s’empare du rythme de la musique à mesure que les sons se font plus étranges encore. Ici, comme sur Sanctuary, pas de mélodie conductrice, mais une ambiance angoissante menée de main de maître ; les quelques derniers sons rappelant vaguement le bruit que fait quelqu'un en marchant avec une jambe artificielle, sertie de broches de métal clinquantes sur les pavés. Une chose est sûre, c’est que la piste porte bien son nom.

A Style of Baroque – 1.14
Une musique qui va très vite à l’écoute, et ne mesurant à peine plus que Into our Trespasses. Les notes du début tranchent beaucoup, avec des claquements secs et sévères conduits par des battements sourds et rythmés. L’ambiance qui en découle est beaucoup moins inquiétante que ne peut l’être celle de Iraiza par exemple, mais la piste remplit plutôt bien sa fonction : faire monter la pression en un peu plus d’une minute jusqu'à la prochaine explosion d’anxiété.

Namu Ami – 3.07
Après cette relative accalmie émotionnelle, l’OST nous replonge dans un monde fou, extravagant, oppressant avec une nouvelle piste purement destiné à servir une ambiance malsaine, sans mélodie particulière cela étant. Très vite, un malaise vient nous prendre au cœur avec des notes presque agaçantes venant du fond de la composition, ces notes, perpétuelles et faisant penser aux résonances d’un bruit sourd dans un conduit métallique accompagnées de sortes de frottements rapides comme pourrait le faire un rat ou un scorpion en déplacement. Dérangeant à souhait, la musique se conclut par des sortes de ricanements à en donner la chair de poule, Masaharu Iwata continue à nous servir quelques pistes d’ambiance en forme de melting-pot de tonalités inquiétantes. Du grand n’importe quoi pour la plupart d’entre nous je le conçois, mais ça a le mérite de porter ses fruits, nos esprits ne sont pas occupés par les Bisounours loin s’en faut, et c’est ça qui compte !

Little – 2.32
Little ! Voici un des thèmes les plus marquants de cet album, monumental d’efficacité, sa simple mélodie faite à base de synthé rappelant les vieux films d’extra-terrestres des années 70. Une reprise du thème principal accompagne des sortes de complaintes languissantes d’enfants, d’enfants plus morts-vivants qu’autre chose ! Dans une cacophonie déroutante de fond sonore, des coups de tambour rythment cette inquiétante composition, le synthé finissant par nous pénétrer tout entier au bout de ses 2 minutes 30 de musiques désolante. Un nouveau chef d’œuvre du genre !

One foot in the Grave – 3.33
Autrement dit,"un pied dans la tombe", le ton est d’hors et déjà donné. Et nous voilà face à un monument du genre, encore une des meilleures pistes de l’OST assurément. Le rythme martial, vigoureusement identique du début à la fin (et rappelant vaguement le thème du hangar à tank dans Metal Gear Solid 1 : Tank Hangar) est le maître mot de cette composition. Les coups de percussion en fond insistent sur l’ambiance fataliste que tente d’instaurer, avec succès la piste. Néanmoins, et pour véritablement transformer ces quelques 3 minutes 30 en un véritable coup de génie, une mélodie d’une simplicité mais en réalité d’une puissance émotionnelle à couper le souffle vient s’instaurer à 1 minute 52. Un sentiment ravageur de tristesse et de mélancolie, de résignation aiguë s’installe alors dans notre cœur, le broyant, l’écrasant avec constance et organisation, on est prisonniers, et Iwata est notre geôlier imperturbable.
Écouter ce thème seul est une chose, mais l’écouter en connaissant l’histoire du jeu, en ayant déjà goûté de près à son ambiance, cela révèle tout simplement du moment d’anthologie, cadencé à 3 minutes 33, et ça s’appelle sombrement One foot in the Grave.

Alice In – 3.29
Après cette succession de pistes excellentes, je me demandais bien ce que pouvais m’offrir encore cette OST bel et bien hors du commun. Le thème Alice In commence doucement par un étrange bruit de halo, rappelant légèrement des bandes son comme celle de Dino Crisis, mais cette douce impression se fait obturer par ce qui semble être un languissant violon récitant sa partition de la façon la plus triste qui soit. Aidé vers la fin par quelques notes timides de triangle, l’utilisation d’instruments aussi simple pour cette piste surprend par rapport à l’excellente ambiance qu’elle distille comme ses consœurs. Un air d’authenticité en plus par rapport à Sanctuary par exemple, comme si c’était l’hymne d’une église, mais un léger manque de rythme à mon goût.

One – 2.38
Comme sur Confusion, un souffle de vent macabre vient s’abattre sur nos oreilles, avant qu’une sorte de chœur électronique et froid installe en moins de 10 secondes une ambiance tout bonnement effarante. D’un ton presque angélique, les chœurs nous emportent, nous donnent des frissons tant la piste semble être frappée de l’ordre divin, une courte reprise du thème principal avec une harpe au son étrangement bien aiguisé vient finir cette musique.

Neverending cycle – 0.57
Piste très courte de transition, un nouveau bruit de halo persiste tout au long de la minute que dure la musique, accompagné de très timides chœurs féminins comme sur One. Une piste qui se laisse écouter sans trop de soucis, mais qui n’a pas véritablement d’intérêt pour qui veut juger de la qualité de l’OST dans son entier.

Multiplex – 4.00
S’il y a bien une chose dont on peut qualifier l’OST de Baroque, c’est d’être mystérieuse avec des titres de musiques pour le moins ambiguës, voir totalement incompréhensibles même lorsque l’on a joué au jeu ! La piste commence une fois encore avec des chœurs, comme au sein d’une église, envoûtante comme tout. 1 minute 15, et un fond inquiétant s’insinue dans la composition, avant de faire place à un fond orchestrale que l’on devine imposant par la force tranquille que dégage sa sonorité. Un piano accompagne le tout, reprenant de façon douce mais au combien magistrale le thème principal… La dernière partie de la musique laisse régner en maître un silence apaisant, accompagné des même chœurs féminins qu’au début mais délivrant subtilement une puissance moindre, afin d’entretenir la sérénité relative avant la prochaine piste…

Hold Baroque Inside – 4.10
Voici enfin venir le thème principal du jeu, bien que l’on ait pu croire que ce soit Great Heat 20320514 et après de très nombreuses écoutes, je peux garantir que c’est celui-ci, les autres n’étant que des arrangements. Impressionnant, marquant, époustouflant même, n’ayant point peur des mots ! Par où commencer…
D’une exquise puissance, d’un héroïque maîtrisé, non pas grandiloquent mais pondéré, d’une harmonie rarissime, d’une simplicité presque évidente et pourtant d’une efficacité sensationnelle, voilà ce qu’est Hold Baroque Inside ! Un piano aux notes légères comme l’air ouvre la composition sur fond de timides chœurs, qui ne cherche aucunement à s’imposer. Une couverture de cymbale régulière s’appose aux notes de piano, puis l’instrument digital mène le rythme tout en rigueur et en bizarrerie typique de ce monde. Le piano assure un tempo rapide en fond, jouant les quelques notes touchantes qui caractérisent ce fameux thème principal. Pourtant, le tout reste d’un calme assez stupéfiant, multipliant ainsi la force de l’effet épique et mémorable qu’est celui de ce thème d’exception. La fin de la musique tranche littéralement avec tout ce qui se fait sur le reste de l’OST, pour la seule et unique fois, nous ne sommes pas stressés, angoissés, nous n’avons pas l’impression de jouer à un survival horror plutôt qu’à un RPG. La spiritualité plus ou moins concrète qui se démarque de chaque thème écouté jusqu’à présent, trouve vraisemblablement leur summum avec Hold Baroque Inside, là ou d’autres jeux d’horreur misent sur des thèmes d’ambiances électroniques ou la modernité, mais accessoirement aussi l’insipidité des sonorités présentes prône.

Deep Interludium – 1.45
Composé par Iwata mais savamment arrangé par John Pee, vieil ami du compositeur, le style en découle légèrement de cette assez ingénieuse association. Déjà responsable de Treasure Hunter G, Pee signe là une piste grave, faite de sonorités fortes et pressantes sur une mélodie plutôt alarmiste. On n’est pas stressé à son écoute, mais plutôt attentionné, comme lors des fameuses scènes de fin de chaque Resident Evil où il nous faut fuir alors que nous sommes chronométrés. Une piste qui change légèrement de ce qui nous est donné d’écouter sur cette OST, mais qui passe en fait relativement inaperçue tant cette piste manque de durée et de véritable passage culte pour faire face à des thèmes comme Hold Baroque Inside, One foot in the Grave ou encore Little.

204 Forest – 1.02
A nouveau un nom étrange pour une piste d’à peine plus d’une minute. Le titre même pourrait nous faire penser à un thème de la forêt Kokiri dans The Legend of Zelda, d’autan que les premières notes se font mystiques, prompt à épouser le style médiéval fantastique du monde de Link. Composé par Toshiaki Sakoda, le début relativement calme laisse place à une fin au ton sympathique d’héroïsme, la musique rend plutôt bien, bien que l’héroïsme soit loin d’être un thème fort du jeu.

205 Blue – 1.22
Deuxième thème de cette trilogie de pistes de fin composé par Sakoda. Le tempo se fait bien plus nerveux que sur la piste précédente, faisant penser à plus d’un égard aux musiques de Mortal Kombat. D’un caractère assez atmosphérique, sombre et alarmant, les volées de sons bizarroïdes nous ramènent avec joie aux compositions de Masaharu, mais une véritable mélodie, signe principal distinctif des deux compositeurs vient nous emporter dans un tout autre monde. La fin est accompagnée de bruits de voix étranges avec des tambours vigoureux qui évoquent les chants de clans guerriers de l’Afrique profonde.

206 Black – 0.34
Dernière piste de l’OST, et aussi la plus courte de toute ! Difficile de se faire un avis véritable sur ce petit monument de non-conformisme. On aurait pu espérer un dernier thème composé par Masaharu, une piste effrayante et hautement angoissante dont lui seul semble avoir le secret, au lieu de cela, nous avons quelques trente petites secondes faites de sons insistants et accordés de façon plutôt rythmée. Mais la fin vient vraiment trop rapidement, avec une conclusion à laisser coi n’importe qui, un bris de verre surprenant et tranchant littéralement avec le reste de la piste vient nous délivrer ; comme si l’on avait enfin cassé le miroir sans teint de ce monde apocalyptique dans lequel nous étions enfermés !


Quelle OST que celle de Baroque ! Une véritable révélation qui m’est été donnée d’écouter en ce début d’année 2010, lorsque j'ai découvert le jeu. Disposant d’énormément de thèmes d’ambiance, on en vient à presque lui pardonner intégralement cette disproportion tant la qualité des musiques est grande. L’OST de Baroque se compose donc de thèmes pesants, effrayants même, parfaitement déroutants et à même d’accompagner nos pensées les plus morbides, à l’image de Sanctuary ou Little. Ne manquant pas de rythme avec par exemple One foot in the Grave, définitivement l’une des toutes meilleures compositions de l’album, l’OST sais aussi nous servir des thèmes poignants et à la puissance spirituelle surprenante comme Hold Baroque Inside ou Iraiza. Ne manquant pas d’idées fourmillantes, de sonorités originales et de cadences marquantes, cet album se démarque véritablement dans son propre genre, entrant directement en conflit avec les ténors du style tel que Silent Hill ! Ce tour de force de celui qui est connue pour être l’éternel compagnon du grand Hitoshi Sakimoto est à placer selon moi au sommet du genre, mais une ouverture d’esprit déjà bien entamée doit être nécessaire pour savoir apprécier pleinement l’OST, autant que le jeu !